14 novembre 2024
Marin se conjugue aussi au féminin. Depuis une trentaine d’années, la course au large se féminise, mais avec un souffle d’une brise légère. Lorsque Florence Arthaud remporte la Route du Rhum en 1990, la "petite fiancée de l’Atlantique" démontre que la navigation hauturière, fief de la virilité, peut prendre des accents de féminité. Trente ans plus tard, le Vendée Globe 2020 – 2021 connaît une participation record des femmes où six concurrentes étaient alignées au départ. Une performance sportive à la hauteur de la légitimité des femmes dans le sport de haut niveau.
Aller au bout de ses rêves
En solitaire, les six candidates à l’Everest des mers ont exposé, durant leur parcours, leurs talents de navigatrices à travers la gestion de situations parfois périlleuses, réparant leur Imoca dans une mer déchaînée, à l’image d’Isabelle Joschke, réalisant quelques vidéos de ses acrobaties délicates. « J’aimerais prouver qu’il est possible d’être une femme et d’aller au bout de ses rêves », avait expliqué la navigatrice franco-allemande, qui milite pour « une plus grande mixité dans le sport. »
Sensibiliser à la sauvegarde des océans
L’Anglaise Pip Hare s’est nourrie des livres d’Isabelle Autissier pour construire son destin de navigatrice : « je rêve de mettre mes pas dans ceux des marins d’exception, même si je reste avant tout plus une aventurière qu’une régatière ». Alexia Barrier rêve de participer au Vendée Globe depuis ses 10 ans. Sportive accomplie et citoyenne engagée, la sportive tout-à-tout peut autant s’aligner au départ d’un triathlon, qu’organiser une journée au profit de femmes en situation d’exclusion ou bien encore sensibiliser les écoliers à la sauvegarde de l’Océan.
60 enfants sauvés
La victoire d'une femme n’est pas prévue pour cette édition. Mais le bilan est remarquable. Isabelle Joschke et Sam Davies ont dû abandonner après des avaries sur leur bateau, mais pour la navigatrice britannique qui avait réalisé son premier tour du monde à la voile en 1998, lors du Trophée Jules-Verne, la course ne s’est pas arrêtée pour autant. La navigatrice poursuit son troisième Vendée Globe hors-course à bord de son bateau sponsorisé par l’entreprise sarthoise Initiatives-Coeur, et qui a récolté suffisamment de dons au profit de l’association Mécénat chirurgie cardiaque pour sauver 60 enfants, au moins.
Clarisse Crémer, quelle belle 12e place !
87 jours seule autour du monde. Le sourire et l’émotion de Clarisse, le 3 février dernier, en remontant le chenal, sont à la hauteur du défi qu’elle vient de réaliser. À 31 ans, elle s’offre la 12e place de cette édition et devient la femme la plus rapide du Vendée Globe, dépassant le record d’Ellen MacArthur (94 jours et 4 heures en 2000-2001) et faisant mieux que Samantha Davies (95 jours et 4 heures en 2012-2013). La navigatrice de Banque Populaire X, avec sa bonne humeur communicative et sa capacité à ne rien lâcher, s’inscrit ainsi avec panache dans l’histoire de la plus prestigieuse des courses au large. « Cette arrivée si chaleureuse, c’est un moment d’émerveillement inoubliable ! J’ai savouré chaque seconde sur la mer, et si je pouvais repartir tout de suite pour un tour du monde, je le ferais. »
Pour aller plus loin encore
- Vendée Globe 1989/90 et 1992/93 : pas de femme au départ.
- 1996/97 : Catherine Chabaud (6e) et Isabelle Autissier (arrivée hors course).
- 2000/01 : Ellen MacArthur (2e), Catherine Chabaud (arrivée hors course).
- 2004/05 : Anne Liardet (11e), Karen Leibovici (13e).
- 2008/09 : Samantha Davies (4e), Dee Caffari (6e).
- 2012/13 : Samantha Davies (abandon).
- 2016/17 : pas de femme au départ.