26 avril 2024
Si de plus en plus d’entreprises travaillent en collaboration avec les laboratoires académiques, certaines, et notamment les PME, peinent encore à franchir le pas. Et pourtant la R&D est souvent synonyme de compétitivité et d’innovation, sources de croissance économique. Avec son plan Ensemble pour innover, la Région des Pays de la Loire souhaite inciter la collaboration entre chercheurs du secteur public et entreprises, notamment en encourageant la mobilisation de compétences des étudiants en R&D au service des entreprises. Elle a conçu dans ce cadre-là, un nouveau dispositif baptisé Exp’R, facilitant l’accueil d’étudiants de second cycle universitaire (Master 2 de Recherche) au sein de PME, ETI ou associations dans le cadre d’un stage de 4 à 6 mois portant sur un sujet précis de recherche.
Une démarche simple
Pour en bénéficier, la démarche est simple : l’entreprise ou l’association, quel que soit son secteur d’activité, fait remonter sa problématique de R&D via le site internet de la Région. Une fois validés par la Région, les sujets (sorte de banque de sujets de stage) sont diffusés aux responsables de master et aux laboratoires ligériens, qui incitent à leur tour les étudiants ayant le profil adéquat à poster leur candidature sur le site internet de la Région. In fine, c’est l’entreprise ou l’association qui valide la candidature reçue. La Région verse alors une subvention forfaitaire de 1 500 euros destinée à couvrir partiellement les indemnités légales de stage.
Un dispositif trois fois gagnant
Pour l’entreprise ou l’association, Exp'R c’est la possibilité d’initier une collaboration de manière très souple, grâce au conventionnement dans le cadre d’un stage classique de fin de formation. Et la possibilité de prolonger la recherche à l’issue du stage, l’état de l’art scientifique établi par le stagiaire pouvant – mais sans obligation – être mis à profit pour l’établissement d’un rescrit fiscal (Crédit impôts recherche, Crédit impôt innovation), un sujet de thèse CIFRE et/ou un projet de recherche partenarial.
Pour l’étudiant, Exp'R, c'est la perspective d’une insertion professionnelle en entreprise ou d’une poursuite de collaboration dans un contrat de recherche. Et pour le laboratoire, c’est l’accompagnement d’un étudiant en master sur un projet de recherche industrielle, avec une éventuelle perspective de poursuite de recherche (CIFRE...).
Une réponse à un besoin de R&D
Directrice de l’entreprise Operis (Orvault – 44), spécialisée dans l’édition de logiciels pour les services urbanisme des collectivités territoriales, Évelyne Tramoy-Grelet se félicite de ce nouveau dispositif. Depuis le mois de mars, elle accueille deux jeunes étudiantes de M2 en « Géographie, aménagement des espaces maritimes » de l’Université de Nantes pour développer un outil applicatif créé par les enseignants-chercheurs du laboratoire nantais LEGT (Littoral – Environnement – Télédétection –Géomatique). Baptisé Onecad pour Outil numérique d'évaluation de la capacité d'accueil et de développement, ce logiciel est susceptible d’intéresser les clients d’Operis qui sont à 75 % des grandes métropoles comme Nantes, Lille, Strasbourg, Marseille, etc.
Reconnaissance et légitimité
« Nous avions besoin de stagiaires pour étendre la méthode Onecad aux PLU et PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal), et développer deux nouvelles fonctionnalités que sont la collecte de données et le suivi des résultats de l’étude dans la durée », explique la directrice. « Nous souhaitons en effet proposer des solutions aux services urbanisme des collectivités qui doivent fournir à leurs élus des éléments de diagnostics et de preuves imparables pour faciliter les prises de décision. Au-delà de l’aspect financier, le soutien de la Région est une véritable reconnaissance du travail que nous accomplissons au service des collectivités territoriales et de l‘intérêt de ce projet que nous menons en partenariat avec l’Université de Nantes et le soutien de la Satt (Société d’accélération du transfert de technologies). »
Une opportunité de poursuivre en thèse
Les deux étudiantes sont placées sous la responsabilité d’un tuteur, Nicolas Allégret. Pour Juliette Davret, l’une des deux étudiantes, ce stage est une véritable opportunité de travailler sur un « projet expérimental », avec la perspective « de poursuivre au-delà des six mois de stage en thèse ». « Il s’agit de ma première expérience professionnelle. Je n’avais jamais effectué de stage jusqu’alors. Et je suis très contente d’être dans cette entreprise, l’ambiance de travail y est très agréable. On nous a confié des responsabilités. Nous sommes en contact direct avec des collectivités. Cela montre la confiance que l’on nous accorde. »
Même satisfaction du côté de Manal Kadmiri, l’autre stagiaire, fortement intéressée elle aussi par la possibilité de continuer l’aventure en faisant un doctorat. « Cette offre de stage m’a séduite car Operis est une société du numérique, et en tant que géomaticienne, ce mélange entre numérique et géomatique me tient à cœur. De plus, le fait d’être deux stagiaires permet de pousser la réflexion encore plus loin. »
Candidature à partir d'octobre
« Nous avons eu de la chance d’avoir cette offre assez tôt », reprend Juliette Davret. « La recherche de stage est assez laborieuse, d’autant plus avec nos profils très spécifiques. Nos camarades ont eu plus de difficultés à trouver. Ce dispositif permet de cibler davantage le profil des étudiants et facilite beaucoup le contact entre le privé et l’université. »