05 juin 2024
« Nous avons réussi à mettre au point des démonstrateurs pour l’industrie permettant à des opérateurs de simuler, surveiller, et optimiser les procédés de fabrication, afin d’anticiper d’éventuels problèmes, se félicite Francisco Chinesta. « Les industriels en sont aujourd’hui pleinement satisfaits. » Initiateur et coordonnateur du projet Artur, le chercheur, spécialiste de la simulation numérique et des calculs rapides, a aujourd’hui quitté l’École centrale de Nantes où il oeuvrait depuis dix ans au sein de l'équipe Matériaux, procédés et technologie des composites. Désormais en poste aux Arts et métiers à Paris, il revient sur le projet qu’il a dirigé pendant cinq ans. « Lorsque nous avons lancé Artur en 2011, l’industrie du futur n’avait pas l’ampleur qu’elle connaît aujourd’hui », glisse-t-il.
Le projet s’est focalisé au fil du temps sur la fabrication des matériaux pour l’aéronautique, industrie très présente en Pays de la Loire, et la mise en forme de procédés métalliques pour la navale, l'automobile, etc. Mais les démonstrateurs mis au point par Francisco Chinesta se déclinent dans tous les secteurs d’activité.
Un projet régional et multidisciplinaire
« Il a fallu mettre autour de la table beaucoup de compétences, en matière de gestion des données, de simulation, de robotique, de fabrication mais également de sciences cognitives. » Le chercheur s’est appuyé pour cela sur les laboratoires de l’École centrale et de l’Université de Nantes qui disposaient des compétences nécessaires, son partenaire CLARTÉ (le centre de ressources technologiques, spécialisé en réalités augmentée et virtuelle), ainsi qu’Aérolia, filiale du groupe Airbus, à Saint-Nazaire et le groupe ESI, entreprise de prototypage spécialisée dans la simulation des procédés de fabrication, les données, les matériaux, etc.
« L’expérience a été très intéressante. Elle a permis à tous de se familiariser avec de nouvelles disciplines, comme la psychologie à laquelle nous n’avions pas pensé en premier lieu, mais qui s’est révélée être l’un des éléments clé pour la construction du projet », se félicite Francisco Chinesta. De plus, « mené à l’échelle régionale, le projet a été plus enrichissant que s’il avait été conduit à une échelle européenne où souvent les équipes travaillent chacune de leur côté. Équipes de recherche et étudiants ont ici pu se retrouver, échanger quotidiennement. Ce qui a créé une synergie que nous n’aurions pas connu à une échelle différente. »
Le projet a bénéficié du soutien de la Région à hauteur d’un million d’euros au titre de l'appel à projets Recherche, soit environ 50 % du budget. « Une aide totalement déterminante », affirme Francisco Chinesta, sans laquelle « nous n’aurions pas pu mener un projet de cette envergure ». Et progresser dans cette industrie du futur, désormais au cœur de la stratégie industrielle française et des priorités régionales.